Autant dire que le plus long et le plus dur (sans jeu
de mots) est passé : plus que cent petits jours – moins
qu’il n’en n’aura fallu au petit homme préféré de notre
confrère Jean Tulard et de l’actuel président de la République
pour reperdre son trône – avant la sortie du tant attendu Dictionnaire
des Films Érotiques & Pornographiques 16 et 35 mm concocté
depuis des années par le très érudit et très éclectique Christophe
Bier, devenu éditeur pour les besoins de la cause et
entouré de l’équipe de choc que l’on sait. Projet choral plus
encore que collectif, le fameux dico, dont l’éphémère revue CinÉrotica
avait, en son temps, partiellement livré la première mouture, se
prévaut à l’arrivée d’une vingtaine de signatures – et
d’autant de points de vue – de marque, l’ours rassemblant pêle-mêle
transfuges de la défunte Saison Cinématographique et contributeurs réguliers de L’@ide-Mémoire
(à commencer par l’auteur de ces lignes et l’indispensable
Italo Manzi), programmateurs de cinémathèques et contributeurs réguliers
de presse écrite, spécialistes pointus des « sous-genres »
et inconditionnels du cinéma « bis » sous toutes ses
formes…
Faisant la part belle aux auteurs à part entière
(Jess Franco, José Benazeraf, Jean-François Davy, Philippe
Vallois, Virginie Despentes) comme aux petits maîtres
d’inspiration variable (Alain Payet, Max Pécas, Jean Rollin,
Jean-Claude Roy, Jean-Claude Strömme, Roger Vadim) et aux cinéastes
nettement plus difficiles à situer entre ces deux pôles (Bernardo
Bertolucci, Catherine Breillat, François Jouffa, Michel Lemoine),
accordant le même crédit aux égéries d’icelles et iceux
(Richard et Liliane Allan, Claudine Beccarie, Sylvia Kristel,
Brigitte Lahaie, Anne Libert, Fanny Magier, Carmelo Pétix, Rocco
Siffredi, Piotr Stanislas) qu’aux transfuges, occasionnels ou non,
de l’industrie cinématographique « traditionnelle »
(Anicée Alvina, Brigitte Bardot, Jane Birkin, Dany Carrel, Amira
Casar, Edwige Feuillère, Olga Georges-Picot, Catherine Jourdan,
Belinda Lee, Marie France, Myriam Mézières, Maria Schneider, Olga
Valéry, Marlon Brando, Joe Dallesandro, Jean Droze, Daniel Émilfork,
Udo Kier), soulignant au passage l’apport régulier au genre de réalisateurs
labellisés « tous publics » (Pierre Chenal, Jean
Gourguet, Willy Rozier, Claude Bernard-Aubert), « festivals
internationaux » (Luis Buñuel, Louis Malle), voire « art
et essai » (Jacques Baratier, Alain Robbe-Grillet), 1.800 entrées,
amoureusement rédigées, permettront de tout savoir ou presque sur
une production bien plus riche et passionnante qu’on ne veut bien
le dire et qu’il serait aussi vain que stupide de réduire à une
équation facile du type « la fesse et des jambes ».
Si on ajoute à cela que la souscription ouverte il y
a quelques mois est toujours d’actualité sur le
site de l’éditeur et qu’à à de très rares
exceptions près tous les films chroniqués auront été vus, et même
revus, que contrairement à certaine somme critique parue récemment,
le Dictionnaire de
Christophe Bier ne sera pas
fabriqué à prix cassé du côté de Singapour et qu’il ne
devrait pas y manquer une
centaine de pages à l’arrivée, on aura quasiment tout dit. Ah,
oui, une dernière chose… L’initiateur, maître d’œuvre et
auteur principal de cette somme assez unique en son genre en
accompagne – avec un peu d’avance – la sortie sur un blog créé
à cette intention et régulièrement enrichi de chroniques, photos
et, cerise(s) sur le gâteau, présentations circonstanciées des
vingt-deux contributeurs. Quant aux lecteurs, de plus en plus
nombreux semble-t-il de L’@ide-Mémoire,
publications papier et versant internet, qu’il sachent que ce
n’est pas parce que l’auteur de tout ce qui a précédé est le
signataire d’une cinquantaine de textes critiques destinés à
paraître dans le Dictionnaire qu’il a cédé, ce faisant, aux sirènes du copinage
ou de l’échange de bons procédés à bon compte. C’est
simplement qu’il est, un peu plus de trois ans après le début de
cette aventure, infiniment fier et heureux de s’être retrouvé
embarqué dans le même bateau que Grégory Alexandre, Edgard
Baltzer, Joseph-Hervé Lebrun, Italo Manzi et les autres…
Armel de Lorme |