Histoire de célébrer dignement la sortie de l’indispensable Dictionnaire
des Films français pornographiques & érotiques 16 et 35 mm
de Christophe
Bier et ses vingt-six contributeurs (dont Grégory
Alexandre, Sérène Delmas, Pierre-Arnaud Jonard, Hervé Joseph
Lebrun, Italo Manzi,
Jean-François Rauger et même l’auteur de ces lignes), disponible
depuis trois semaines sur le site
de son éditeur, et afin de prolonger l’ambiance de
folie qui a régné, samedi dernier à la Cinémathèque française,
le temps d’une Nuit de la Grande Chaleur, qui pourrait
bientôt faire des petits, nous avons décidé de rendre hommage à
notre manière, entre notules et filmos, à une poignée d’égérie
du porno seventies dans ce qu’il avait de plus éminemment fréquentable.
Et pour ouvrir ce « bal des
actrices » pas tout à fait comme les autres, hommage à notre
coup de cœur du moment, qui porte (hasard ou coïncidence) le même
nom qu’une dame du temps jadis ayant failli devenir reine de
France, sauf qu’à l’arrivée, au lieu d’épouser Louis
XIV, elle devint la femme d’un connétable italien sinistre et
jaloux qui passa leurs quarante et quelques années de mariage à
lui pourrir la vie. L’éphémère carrière au grand écran de
Maria Mancini « Bis », beauté brune et pulpeuse, est
bien plus réjouissante quoi qu’assez soft (elle semble n’avoir
jamais hardé), dont on se rappellera qu’elle sut mieux qu’un
autre concilier l’inconciliable : un potentiel érotique
assez dévastateur et une drôlerie innée semblant lui tenir lieu
de seconde nature, qu’elle se fasse culbuter sous un lit d’hôtel, vêtue d’un tablier de femme de chambre
porté sans rien dessous un presque par un Yan Brian bien plus sexy
que l’ex-présidentiable que l’on sait (Sexuellement
vôtre, Max Pécas, 1974), qu’elle lèche par le dessus
d’appétissants chous à la crème (Q,
Jean-François Davy, 1973) ou se contente, nymphomane insatiable, de
pousser de lubriques petits cris à la seule vue des saucissons,
salamis et autres chapelets de boudins découverts dans la boutique
d’un charcutier de province dans le sketch le plus drôle assurément
de Les petites saintes y
touchent (Michel Lemoine, 1973). Au début de l’épisode, son
petit ami la présente à deux de ses camarades en paraphrasant le
Truffaut des mauvais jours (« Je vous présente Paméla »)
sans le côté pédant, rébarbatif, surostensible et sursignifiant
de La Nuit américaine,
sinistre plaisanterie et laide leçon de cinéma : le film
kulte du grand François aurait-il été plus réussi avec Maria
Mancini en lieu et place de Jacqueline Bisset et Philippe Dumont
plutôt que Jean-Pierre Léaud ? Pas impossible.
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