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ENCYCLOPÉDIE DU CINÉMA FRANÇAIS

 

 

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Sylvie Joly

Véritable nom : Sylvie Marie Lucie Joly.

Née à Paris le 28 octobre 1934.

Mariée à Pierre Vitry, mère de la comédienne Mathilde Vitry.

De toutes les comédiennes de sa génération, Sylvie Joly reste probablement l’une des rares, avec Stéphane Audran, à pouvoir supporter la comparaison avec les grandes excentriques de l’Âge d’or du Cinéma français : c’est peut-être cela qui a poussé Mocky à les utiliser en binôme dans Les Saisons du plaisir, nymphettes sur le retour draguant de concert tout ce qui porte un pantalon entre deux visionnages de vidéos cochonnes. Flashback : née à Paris en octobre 1934, la Joly, comme on ne l’appelle pas encore, aurait dû, en toute état de cause (son père était officier de marine), épouser un polytechnicien et n’embrasser d’autre carrière que celle de femme au foyer. Au lieu de quoi elle s’essaie un temps au Barreau, ne persévère pas, et déserte les prétoires pour suivre l’enseignement de Mireille (articulez, mon petit), de René Simon et surtout de Tania Balachova, sous la direction de laquelle elle effectue, dans la foulée, ses premiers pas sur les planches (La Matinée d’un homme de lettres, Anton Tchekhov). Dès le début des Seventies, elle s’impose, de moitié avec Zouc, comme la grande prêtresse du one woman show à la française, en même temps qu’elle bouleverse les règles du genre : Sylvie Foly. Les cinéastes des années 70 ne s’y trompent pas, à commencer par Jean Herman qui lui fait effectuer, passante entreprise par Guy Bedos, ses débuts officiels à l’écran (L’Œuf, 1971), François Leterrier qui la pacse avec Laurence Badie (!) le temps d’un film (Va voir Maman… Papa travaille, 1977), Nicole de Buron qui lui confie une directrice d’écoles fatiguée face à une Annie Girardot (trop) pleine d’énergie (Vas-y Maman, 1978). Bertrand Blier, auteur à part entière mais directeur d’acteurs souvent laxiste, sait quant à lui tirer un parti exceptionnel de sa savoureuse gaillardise : grande bourgeoise découvrant éberluée le vol de sa voiture au sortir d’un restaurant de luxe (Les Valseuses, 1973), médecin-chef d’un insolite laboratoire médical où les mâles servent au choix de cobayes ou d’étalons (Calmos, 1975), elle effectue dans Préparez vos mouchoirs (1977), passante « réquisitionnée » par Gérard Depardieu aux abords d’une brasserie pour donner son avis sur les choses de l’amour, la composition la plus riche de toute sa carrière. Les films se suivant mais ne se ressemblant pas toujours, il y a du bon et du moins bon (Poiré, Jackson) dans son CV cinéma. Mais comme, à l’instar de Pauline (Carton), Suzanne (Dehelly), Alice (Tissot), Marguerite (Pierry) ou Jeanne (Fusier-Gir) quelques décennies plus tôt, elle fait partie des comédiennes capables de conférer, le temps d’une séquence ou deux, un cachet salutaire au nanar le plus poussif (Les Couloirs du Temps, Jean-Marie Poiré, 1997), à la farce la plus indigeste (Ma femme… s’appelle Maurice, Jean-Marie Poiré, 2001), au blockbuster le plus téléphoné (Les Dalton, Philippe Haïm, 2003), valeur sûre que l’on demande et redemande, avec l’absolue certitude qu’elle fera mouche à tous les coups. Le meilleur est, l’on s’en doute, à chercher du côté de Mocky, dont elle devient, au milieu des années 80, l’interprète de prédilection, tour à tour bourgeoise bigote, soupçonneuse et moustachue (Le Miraculé, 1986), confidente dessalée de Catherine Deneuve (Agent trouble, 1987), nymphomane impénitente faisant virer, par ses assauts répétés, leur cuti à Richard Bohringer et Bernard Menez (Les Saisons du plaisir, id.). Ne manquait plus dès lors à son palmarès qu’un grand rôle tout en demi-teintes, à la limite du contre-emploi : c’est chose faite depuis Ça ira mieux demain (1999), qui la voit composer sous la direction efficace de Jeanne Labrune une directrice de galerie d’art au bout du rouleau. Il faut une authentique grandeur pour pouvoir faire rire le spectateur en expliquant à un psy de cinéma qu’on a complètement raté sa vie : ce challenge remporté haut la main par une Sylvie Joly en (très) grande forme, ne reste plus qu’à lui souhaiter, pour la suite, qu’un ou deux rôles de mégères à la Jane Marken, bien que sa prédilection aille, de son propre aveu, plutôt du côté de… Mae West. Dans les deux cas, elle le vaut bien ! ADL

Version remaniée du portrait publié dans L’@ide-Mémoire – Encyclopédie des Comédiens français & francophones de Cinéma, Théâtre & Télévision (Volume 1), 2006 © Armel de Lorme

FILMOGRAPHIE CINÉMA :

1971 : L’Œuf (Jean Herman). 1972 : L’Heptaméron/Les Joyeux Compères/Vertudieu ! (Claude Pierson). 1973 : Paul et Michèle/Paul and Michelle (Lewis Gilbert). Piaf (Guy Casaril). Salut l’Artiste (Yves Robert). Les Valseuses (Bertrand Blier). 1975 : Calmos (Bertrand Blier). 1977 : Préparez vos mouchoirs (Bertrand Blier). Va voir Maman… Papa travaille (François Leterrier). 1978 : Vas-y Maman (Nicole de Buron). 1979 : Nous maigrirons ensemble (Michel Vocoret). 1982 : Un chien dans un jeu de quilles (Bernard Guillou). 1983 : L’Ami de Vincent (Pierre Granier-Deferre). Les Fauves (Jean-Louis Daniel). 1986 : Le Miraculé (Jean-Pierre Mocky). Septième Ciel (Jean-Louis Daniel). 1987 : Agent trouble (Jean-Pierre Mocky). Les Saisons du plaisir (Jean-Pierre Mocky). 1991 : 588, rue Paradis (Henri Verneuil). Mocky Story (Jean-Pierre Mocky, inédit). 1994 : Les Misérables/Les Misérables du XXe siècle (Claude Lelouch). Mort de rire ! (Christophe Luthringer, CM). 1997 : Ça n’empêche pas les sentiments (Jean-Pierre Jackson). Les Couloirs du temps – Les Visiteurs II (Jean-Marie Poiré). La Mort du Chinois (Jean-Louis Benoît). 1998 : Les Frères Sœur (Frédéric Jardin). 1999 : Ça ira mieux demain (Jeanne Labrune). 2001 : Ma femme… s’appelle Maurice (Jean-Marie Poiré). 2003 : Les Dalton (Philippe Haïm). 2006 : L’Auberge rouge (Gérard Krawczyk).

LIENS VIDÉO :

www.youtube.com/watch?v=0atFoxCW7rk&feature=related (extrait de Calmos, Bertrand Blier, 1975, avec Jenny Arasse, Françoise Bertin, Florence Blot, Jenny Clève, Dominique Davray, Nicole Desailly, Simone Duhart, Nicole Garcia, Dominique Lavanant, Stéphanie Loïk, Rita Maiden, Colette Mareuil, Jean-Pierre Marielle, Muni, Denise Péron, Jean Rochefort, Liliane Sorval, et Marthe Villalonga).

www.youtube.com/watch?v=4TNdZTZtnEs (L’Après-dîner).

www.dailymotion.com/video/x8hs6q_sylvie-joly-sketch-catherine_fun (Catherine).

www.wat.tv/video/sylvie-joly-affronte-maladie-35rbn_2i1bb_.html (Sylvie Joly témoignant sur la maladie de Parkinson, 2010).

© Armel de Lorme