LES
ASTRES NOIRS : LES AILES DU DÉSIR ?
4ème
court métrage en quatre ans et premier à ne pas tout à faire
s’inscrire dans un projet personnel/individuel ?
Le
film s’est fait dans le cadre d’une collection de courts métrages
co-produite par Canal +, « Écrire pour un chanteur ».
Comme l’indique l’intitulé, il s’agissait d’élaborer une
fiction taillée sur mesure pour un chanteur, avec une sélection
des scénarios par la chaîne puis par l’artiste lui-même. Parmi
les six ou sept personnalités qui participaient à l’aventure,
j’ai immédiatement jeté mon dévolu sur Julien Doré. Parce que
je pensais que Doré était la chose la plus intéressante qui soit
arrivée à la pop culture française depuis longtemps.
C’est
aussi le moment où vous passez d’une collaboration privilégiée
avec Épicentre, producteur/coproducteur des trois premiers opus, à
un partenariat pas 100 % mais presque avec Cécile Vacheret, déjà
coproductrice d’Entracte et de Je vous hais petites filles,
et avec laquelle vous dites du reste vouloir continuer à
travailler.
Oui,
j’ai la chance d’avoir trouvé une productrice qui comprend mon
travail, le défend bec et ongles tout en étant d’une grande
exigence avec moi. J’adore Cécile parce qu’elle n’appartient
pas à la caste des producteurs classiques qui sortent de HEC et, dès
leurs premiers courts métrages, raisonnent en terme de viabilité
économique et de structure de scénario. C’est une jeune femme
qui a le goût de l’aventure, la capacité de rêver de façon très
concrète les images d’un projet et de s’exciter autant que moi
sur ce qu’un film peut devenir et générer sur ses spectateurs.
Est-ce vous qui avez d’emblée décidé d’écrire
pour Julien Doré, qui n’avait alors quasiment jamais tourné dans
une fiction ? Pourquoi lui précisément et pas un vrai chanteur [humour] doté d’une personnalité
artistique à la fois plus affirmée, plus originale et, très
nettement, plus charismatique (Christophe Maé, Christophe Wilhelm,
Renan Luce, Quentin Mosimann ou même Kamini) ? (je vous déteste).
Et à quel moment s’est établie dans votre imaginaire l’équation
« magique » entre l’interprète principal et le
personnage du joueur de flûte ? En creux, et d’une manière
générale, l’icône pop, rock ou les deux est-elle selon vous
l’équivalent contemporain du musicien du conte original ?
Dès le départ, j’avais envie de travailler sur le
statut d’idole de Julien Doré, sur son aura de jeune prince de la
pop culture. Mais je ne savais pas par quel bout le prendre, parce
que Julien est lui-même très malin, il a d’emblée compris son
pouvoir et sa relation aux médias en en jouant de façon très
intelligente, bousculant avec humour les codes et les informations
qu’on pouvait attendre de lui. C’est quelqu’un qui sait
parfaitement faire « un pas de côté » tout en ménageant
son public. Échapper au conformisme ambiant, sans être trop
radical non plus. Bref, pour revenir à la genèse de mon film,
j’ai longtemps ramé avant de me dire que le seul moyen
d’attraper Doré, de capturer une émotion chez lui, était de
neutraliser son second degré, son ironie, et de lui faire jouer
quelque chose de très littéral. Comme cela m’arrive souvent,
l’idée du projet a surgi par le biais de la musique, en
l’occurrence du morceau de Tangerine Dream qu’on entend dans le
film et qui pourrait résumer à lui seul Les
Astres noirs puisqu’il s’intitule The
Big Sleep in Search of Hades. La flûte synthétique et la mélancolie
qu’elle produit m’ont évoqué la légende du Joueur de flûte
de Hamelin. Le personnage seyait à merveille à Julien :
charmeur, ambigu, et répondant aux fantasmes des jeunes gens des
deux sexes qui le suivent… Comme si l’idole de « La
Nouvelle Star » entraînait ses jeunes fans dans une dimension
parallèle, obscure et inquiétante. Juste après avoir écrit le scénario,
j’ai réalisé que j’avais sans doute eu la même intuition,
toutes proportions gardées, que Jacques Demy lorsqu’il avait
confié à Donovan le rôle du Joueur de flûte dans son adaptation.
Lorsque Julien Doré a commencé à communiquer sur
son désir de faire du cinéma, deux voix (voies ?) se sont immédiatement
fait entendre : celles qui lui prédisaient une monstrueuse
plantade (ce n’est pas et ne sera un acteur, pour qui se
prend-t-il ?, Steeve Estatof et Pierrick Liliu se sont vautrés
avant lui, bla bla bla) et celles, dont la mienne, qui voyaient
depuis le début et voient toujours en lui, potentiellement, une
sorte de Johnny Depp français version 2.0. Je ne vous demande pas
de quel côté vous vous situez…
Je trouve Julien formidable dans le film de Pascal Thomas (Ensemble,
nous allons vivre une très, très grande histoire d'amour...,
NDLR), c’est un acteur d’une justesse, d’une élégance et
d’une cinégénie rares. Après, je trouve qu’il fait des choix
bizarres, composer la musique des films de Judith Godrèche ou de
Guillaume Nicloux, je ne trouve pas ça très excitant comme
projet(s) de cinéma. Mais je suis sans doute un peu amer,
puisqu’il a refusé de tenir le rôle principal de mon premier
long métrage… Ce que je peux comprendre par ailleurs, car c’est
un projet violent, risqué, et je pense que Julien est beaucoup plus
éloigné de mon univers que ce que je m’imaginais… Hélas pour
moi, mais peut-être pour lui, aussi.
Tout au long de la seconde partie, il est
vraiment filmé comme un protagoniste de photo estampillée Pierre
& Gilles, une sorte de saint Sébastien (immense figure de
l’imaginaire gay s’il en fût) moderne… Plus exactement, un
saint Sébastien pop, ce qui renvoie, évidemment, une deuxième
fois à Pierre & Gilles.
Je voulais mettre en avant la faculté de métamorphose de
l’idole, sa possibilité de répondre à tous les désirs et les
fantasmes de ses fans, jusqu’au cannibalisme. Ça m’intéressait
beaucoup cette idée du fantasme cannibale qu’une idole peut générer,
et j’avais envie de la figurer de façon concrète. Et puis dans
le film, le cannibalisme est une forme d’érotisme extrême,
c’est là qu’on se rapproche du saint Sébastien pop que vous évoquez,
puisque Julien à ce moment-là incarne à la fois le supplice,
l’extase, la béance sexuelle, la beauté de la jeunesse et la
mort.
Je vous hais… oscillait entre Carax et école US, là,
derrière le conte bien connu, c’est plutôt le grand écart
permanent entre Cocteau et Pasolini. Le personnage principal,
c’est à la fois l’ange Heurtebise et le visiteur de Théorème
sur fond de colonnades grecques. Bon en même temps, la Grèce
antique a pas mal inspiré l’auteur de La Machine infernale et
celui de Médée.
Cocteau,
c’est évident, il y a même un hommage direct au Testament d’Orphée, avec l’apparition de la jeune fille aux
yeux peints sur les paupières 2. D’une manière générale,
l’essaie d’éviter les citations trop fortes, comme c’est le
cas ici ou avec la mer en sacs poubelles empruntée au Casanova
de Fellini, mais j’aime qu’une idée circule de film en film,
d’époque en époque. Ainsi, j’ai l’impression de m’être
autant inspiré de Cocteau que du Partner
de Bertolucci, dans lequel Tina Aumont avait elle aussi les paupières
peintes. C’est une façon, je crois, de dérouler le fil magique
du cinéma, d’en perpétuer la mémoire en semant des signes qui
renvoient à nos pères, à ceux qui ont forgé notre cinéphilie.
Quant à Théorème, bien
vu, puisque c’est le film que j’ai montré à Julien pour préparer
son personnage. J’avais envie qu’il retrouve l’élégance et
la sensualité de Terence Stamp, l’ambiguïté de son sourire, sa
façon de s’immiscer avec douceur dans les fantasmes de chacun.
La
séquence de la barque fait aussi irrémédiablement penser au
Cocteau de L’Éternel
Retour, que je tiens perso pour le plus mauvais film sur lequel
ce dernier ait apposé sa griffe, peut-être parce que réalisé par
Delannoy. En fait, Les Astres noirs, c’est un peu L’Éternel
Retour en beaucoup plus réussi…
Je
n’ai pas vu L’Éternel
Retour, mais est-ce vraiment le pire film auquel ait participé
Cocteau ? Je garde un très mauvais souvenir des Enfants
terribles de Melville, et notamment du jeu irritant de Nicole Stéphane…
Mais j’étais très jeune, il faudrait sans doute que je le
revoie.
Comme
vous le rappeliez, la légende médiévale du joueur de flûte de
Hamelin, qui est à l’origine du scénario, a également inspiré
à Jacques Demy – lui-même héritier déclaré de Cocteau – un
de ses films les plus méconnus (Le
Joueur de flûte, 1971, avec Donovan). Si on oublie la notion de
modestie – vraie ou fausse – de rigueur, ou si vous vous placez
deux secondes d’un point de vue extérieur, peut-on parler de
filiation Cocteau-Demy-Gonzalez ?
Ajoutons
Guy Gilles, Dario Argento et Paul Vecchiali en oncles, Marguerite
Duras en vieille tante, Richard Kelly en cousin d’Amérique, et on
aura une petite idée de ma généalogie rêvée…
Faisant
suite aux deux opus précédents, Les Astres noirs confirme, avant même
que vous soyez passé au long métrage, votre statut de grand cinéaste
français du désir : à la fois le premier, chronologiquement,
de la décennie qui est en train de s’achever, et probablement le
seul – avec le tandem Jean-Marc Barr/Pascal Arnold –, à
l’heure où la tendance, en France, se situerait plutôt du côté
des « jolies choses » un peu (beaucoup) assexuées/cul
serré, façon Emmanuel Mouret. En même temps, ces trois films ont
conféré un sacré coup de vieux à pas mal de cinéastes – peut-être
moins radicaux dans leur démarche – ayant essayé avant vous de
montrer les corps en action. Je pense à certains films de Sébastien
Lifschitz ou d’Ilan Duran Cohen, que j’aime d’ailleurs
beaucoup.
C’est
amusant ce que vous dites, car j’ai l’impression que mon rapport
au sexe passe davantage par la parole que par la nudité, malgré
quelques flashs très crus. Je ne suis même plus sûr,
d’ailleurs, d’avoir envie de foutre mes acteurs à poil. C’est
une vraie souffrance pour moi, lors du tournage, et même en
revoyant mes films. Je me rappelle un entretien de Catherine
Breillat dans lequel elle racontait que pour toutes les scènes un
peu hard, elle dissimulait son visage dans une sorte de grand
foulard, comme si elle-même ne pouvait pas supporter ce que son
imaginaire avait produit quelques mois auparavant. Je ne suis pas
loin d’en être là, dans l’angoisse de mes propres fantasmes
lorsqu’il s’agit de les concrétiser. Enfin, je vous raconte
tout ça, mais le scénario de mon premier long se déroule dans le
cadre d’une orgie…
Peu de cinéastes français, y compris parmi ceux âgés de moins de 35 ou
40 ans, savent filmer les corps post-adolescents ou jeunes adultes,
comme vous le faites… À part peut-être précisément Jean-Marc
Barr, qui a d’ailleurs dépassé la quarantaine, et aussi
Christophe Honoré, qui vient d’intégrer le cercle très fermé
des jeunes quadras. Quel regard portez-vous sur leur cinéma et,
selon vous, quelles sont les qualités requises pour filmer au mieux
ces très jeunes gens en évitant les écueils d’usage (poncifs,
naturalisme, voyeurisme…) ?
Je
crois qu’il faut désirer le personnage davantage que l’acteur,
ou plutôt désirer l’acteur dans le seul cadre du personnage.
J’aime bien un film comme Le
Clan, par exemple, mais on sent que Gaël Morel a envie de se
taper tout ce qui bouge à l’image, et du coup, son récit se
laisse trop déborder par ces pulsions-là, qui ne sont pas
totalement assumées non plus. Mais les mecs y sont malgré tout
superbement filmés… Quant à Honoré, j’adore le regard, tout
en tendresse et mélancolie, qu’il a posé sur ses acteurs
adolescents dans La Belle
Personne, bouleversante collection de petits portraits sensibles
et fraternels.
Comme
dans les deux opus précédents, le vampirisme « physique »,
tendance cannibalisme, s’inscrit en filigrane : aimer,
c’est nécessairement vampiriser – ou vouloir vampiriser, ce qui
revient un peu au même – l’autre au sens premier du terme ?
Le
cinéma, c’est le lieu des amours violentes. Je ne saurais pas
filmer la plénitude d’un couple, ou alors seulement après la
tourmente. Et puis l’amour est, d’essence, un sentiment
vampirique : on aspire l’énergie de l’autre, qui se
nourrit lui aussi de la nôtre ; il y a une dévoration
mutuelle dont chacun se repaît avec plus ou moins de satisfaction.
Bizarrement
ici, c’est le personnage du « passeur », donc en théorie
le cannibale, qui se fait (laisse ?) vampiriser par ses
« élèves » dans la seconde moitié du film. À
l’instar de Kate Moran dans By
the Kiss, il passe en quelques minutes du statut d’élément
actif à celui d’élément passif, un peu comme s’il fallait
cette contrepartie à l’ascendant moral et physique qu’il a
exercé sur eux durant la première partie pour « valider »
le processus d’initiation de tous ces jeunes gens… C’est un très
bon professeur, en somme.
Oui,
j’aime que mes personnages donnent et reçoivent à la fois. Cela
fait partie de cette notion d’amitié dont je parlais plus haut et
qui me tient tant à cœur. Je crois que c’est ce qui m’intéressait
le plus dans Les Astres noirs : que la Mort elle-même puisse être amie
avec ses jeunes victimes et les emporter en exauçant leurs derniers
vœux, non pas pour valider leur volonté de mourir, mais au
contraire, pour qu’ils emmènent avec eux quelque chose de la
beauté et de l’excès de la vie.
L’élément le plus vampiresque du film, en définitive, est encore une
fille, assez formidablement interprétée par Julie Brémond.
C’est un peu le prolongement des deux opus précédents, dans
lesquels c’est Kate Moran qui porte toujours plus ou moins la
culotte, non ?
Mes
héroïnes sont fortes parce qu’elles m’intéressent davantage
que les héros, c’est une tendance homosexuelle je crois. Les
mecs, je les connais, je sais comment ils fonctionnent, et du coup
ça me fascine beaucoup moins. Alors que les filles restent pour moi
des créatures étrang(èr)es, mystérieuses, sur lesquelles je peux
me permettre de projeter beaucoup de choses, comme si je vivais mon
hétérosexualité par le biais du cinéma. C’est d’ailleurs ce
que me dit sans cesse Julie Brémond, que je suis un hétérosexuel
refoulé…
Cette
tendance cannibale option SM à l’écran, (ré)sonne finalement de
manière assez ambivalente lorsqu’on s’en réfère à votre
discours sur les comédiens. Vos personnages semblent en permanence
avoir envie de se bouffer tout cru(s) les uns les autres, l’âpreté
physique, pour ne pas dire la violence, est partie intégrante de
leur quotidien amoureux, et en même temps, lorsque vous évoquez
votre désir de filmer vos acteurs, c’est plutôt le terme
d’amitié – avec tout ce qu’il peut impliquer de chasteté –
qui revient volontiers dans votre bouche. C’est assez paradoxal,
finalement… À moins, bien sûr, que ce soit précisément cette
distance, assez comparable à un amour platonique, qui vous permette
de filmer le sexe à la fois sans aucun tabou et sans aucune obscénité.
C’est
au contraire l’amitié qui me permet d’aller loin avec mes comédiens,
parce qu’il y a entre nous cette confiance qui est le sésame de
toutes les expériences possibles. Mais l’ « amitié »,
c’est quelque chose de rare, le terme de « connivence »
me semble plus juste. Par exemple, il m’arrive d’écrire des
choses difficiles et crues pour des gens que je n’ai jamais
rencontrés mais que j’ai vus dans d’autres films. Leurs choix
artistiques et ce que je peux lire dans leur regard ou leur
gestuelle me permet de penser que l’on pourrait se comprendre et
« s’aimer » le temps d’un ou plusieurs films. Parce
qu’il s’agit de ça au fond : d’une passion que l’on
partage à plusieurs, une passion mystique qui s’immisce jusque
dans vos rêves, vous blesse, vous fragilise, vous épouvante et,
parfois, vous fait planer plus haut que la meilleure des drogues.
Le
fait que vous parliez énormément d’homosexualité, tous sexes
confondus, dans ces trois (quatre ?) films, les références
cinématographiques avérées à plusieurs grands incontournables,
suffisent d’emblée à les placer sous le signe de la culture gay,
même s’ils ne se limitent pas à ça. Avez-vous le sentiment
qu’on a déjà cherché à vous coller des étiquettes ? Et
si oui, est-ce facile à assumer alors que le propos de ces films
semble plutôt, au contraire, de faire éclater les limites d’un
cinéma « de ghetto » ? Et peut-on, a contrario,
imaginer à court terme un film de vous dans lequel il ne serait
question que d’homosexualité, ou – à l’inverse – que
d’hétérosexualité ? Enfin, y a-t-il eu des réactions négatives
(trop politiquement incorrect, trop de bisexualité, trop de
lesbianisme…) de la part de certains membres de la communauté
LGBT – critiques ou spectateurs – qui, on le sait, est loin d’être
univoque ?
Je
n’ai pas l’impression qu’on cherche à me coller des étiquettes
(c’est un peu tôt pour ça), même si je suis très heureux que
mes films soient aussi projetés dans des festivals gays et
lesbiens. Je crois qu’on comprend, en voyant mes courts métrages,
que je suis homosexuel, mais mes films sont-ils gays pour autant ?
Et qu’est-ce qu’un film gay ? Un film où l’homosexualité
est au cœur du récit ? Où elle pose problème ? Où
tous les protagonistes sont homosexuels ? Ce n’est pas le cas
de mes films. Mais il se trouve que la sexualité est pour le moment
très importante dans mon cinéma, et que cette sexualité, je
n’arrive pas à l’imaginer à sens unique, et je la vois
plurielle, délirante, sans frontière. Du coup, me retrouver dans
le bac DVD « gay et lesbien » de la FNAC, ça ne me
ferait pas forcément rêver, ça serait presque en contradiction
avec l’esprit de mes films, bien que je m’assume totalement en
tant qu’homosexuel. Quant à des projets purement (ou presque)
homosexuels ou hétérosexuels, j’y pense…
Puisqu’on
est dans la prospective, restons-y : quels sont vos projets à
court et moyen terme ?
À
la rentrée, un court métrage en Super-8 noir & blanc dans le
cadre d’une collection lancée par un ami cinéaste. Une sorte de
« remise en jambes » avant le tournage du long qui
devrait avoir lieu au printemps 2011. Mais c’est encore un peu tôt
pour en parler – on commence à peine les recherches de
financement et c’est un film auquel je tiens beaucoup, alors je
suis un peu superstitieux. Je travaille aussi sur l’adaptation
d’un journal intime monumental et sublime, mais c’est un travail
de longue haleine, et le film ne verra sans doute pas le jour avant
plusieurs années…
Provisoirement,
votre filmographie s’arrête sur un titre dans lequel n’apparaît
aucun de vos comédiens fétiches, bien que M83 tienne lieu de
passerelle avec les trois opus précédents. Pas trop dur, au final,
de faire un film sans Kate Moran ou Salvatore Viviano ?
Non,
je crois que c’était important pour moi de construire quelque
chose sans eux, de jouer avec d’autres visages, d’autres
couleurs, en attendant de les retrouver sur le film prévu pour
2011. C’est ma première famille de cinéma. Je ne me vois pas
plonger sans eux dans le grand bain du long.
REPÈRES
BIOGRAPHIQUES
1977 :
Naissance à Nice.
1986 :
Premier trauma de cinéma : Le
Cauchemar de Dracula, vu à la télé dans « La Dernière
séance » d’Eddy Mitchell. Je commence à nourrir une
obsession quasi masochiste pour le cinéma d’horreur. Argento,
Bava père et fils, Carpenter, De Palma, et tout un tas de séries
plus ou moins Z défilent sur la télé de mes parents.
1990 :
Je vois Sailor et Lula sur
grand écran, je suis dans tous mes états, et ma cinéphilie,
jusqu’alors exclusivement « de genre », s’ouvre à
d’autres horizons sans jamais renier mes premières amours.
1993 :
Lycée, ennui, passions (très) solitaires. Le cinéma m’aide à
mettre des images sur mes rêveries excessives d’adolescent perdu.
1997 :
Rencontre déterminante avec Nicole Brenez, qui m’apprend à mieux
regarder les images et le monde.
1998 :
Premiers articles pour Chronic’art. Deux ans plus tard, je
commence à travailler pour Max, puis pour Têtu et Vogue.
2002 :
Something (behind), première
tentative en Super- 8 : extraits de pornos amateurs +
routes à la tombée de la nuit + musique de Coil.
2006 :
By the Kiss.
2007 :
Entracte.
2008 :
Je vous hais petites filles.
2009 :
Les Astres noirs.
2010 :
Un manteau de nuit, court
métrage, tournage en septembre.
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