AVEC
: Paul Guers (Serge Duval, alias le comte Amedeo
Fornari), Perrette Pradier (Jeannette, dite Amenita), O.E. Hasse [=
Otto Eduard Hasse] (« le Prince »), Sonia Ziemann [= Sonja
Ziemann] (Miss Barbara), Mary Marquet (la patronne de l’auberge),
Gérard Darrieu (l’inspecteur Bertrand), Georges Alban (le
commissaire Bouchard), Jean-Pierre Zola (le gérant de l’hôtel),
Rosine Moleux, Jean Luisi (l’ouvrier), Dan Sturkie, Gilbert Albin,
Jean-Pierre Lorrain (le prêtre), Bob Lérick (le chauffeur du
« Prince »), Robert Lamoureux (n’apparaît
pas dans les copies actuellement visibles).
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Une ravissante aventurière (Perrette Pradier, bien
meilleure comédienne et inifiniment mieux filmée que chez Robert
Hossein à la même époque) s’éprend d’un apprenti voleur
canaille et sexy (Paul Guers, au sommet de sa séuction), l’un
comme l’autre convoitant un diamant de prix, le Nabab, que la
demoiselle est parvenue à subtiliser à son richissime protecteur
(O.E. Hasse, honnête sans plus) mais que, quelques jours
auparavant, sa conquête a été chargé de dérober pour le compte
d’un mystérieux commanditaire qu’il n’a jamais rencontré à
visage découvert. Une vulgaire copie du fameux brillant entre à
son tour dans la danse, et si on ne sait pas toujours au juste qui,
de la belle Amenita, qui de son joli voyou, a le vrai – et donc le
faux – diamant en sa possession, on devine très vite, en
revanche, l’identité du personnage tirant depuis le début les
ficelles de cet étrange ballet amoureux aux allures de
quadrille : un homme, une femme, deux diamants dont un
parfaitement bidon. Bidon, le film ne l’est pas, qui, totalement
invisible depuis sa première sortie en salles, il y aura bientôt
cinquante ans, tient plutôt bien la route un demi-siècle plus
tard, et évoque sur le mode mineur le Sacha Guitry de Bonne
Chance !, du Roman
d’un tricheur et de L’Accroche-cœur.
Un peu pour cause : Au
voleur (Ralph Habib, 1960) est, on le sait, adapté d’un scénario
original et inédit de l’auteur du Roman
d’un tricheur, remanié de fond et comble par Jean Bernard-Luc
– et débarrassé de ses mots d’auteur ? – à la demande
des producteurs. Il en ressort une œuvre hybride, oscillant de bout
en bout entre comédie de mœurs, polar sensuel et Nouvelle Vague,
auquel ne manque, en définitive, que la patte d’un vrai cinéaste.
N’empêche : Ralph Habib, semi-petit maître volontiers rangé
parmi les pire tâcherons du Cinéma français des années 50, livre
là sa réalisation la plus aboutie depuis Rue
des Saussaies… (1950), et l’interprétation, à
l’exception - coproduction avec l’Allemagne oblige – de
l’atroce et inutile Sonja Ziemann, est pour beaucoup dans le
charme pérenne de cette série B habilement troussée. En sus des
trois têtes d’affiche mentionnées plus haut, on n’aura garde
d’oublier Gérard Darrieu, cocasse et massif, Jean-Pierre Zola, lécheur
et affairé, l’immense Mary Marquet, jouant on ne peut mieux –
abattage intact – de son physique que drakkar à deux pattes, et,
si l’on ne pourra que constater de visu l’absence, au générique
comme à l’écran, de Robert Lamoureux, pourtant cité par les
corporatifs de l’époque, on savourera à sa juste valeur la présence
fugitive, inattendue dans les deux cas, du futur troisième couteau
lautnérien Jean Luisi, et du non moins futur pilier de western
spaghetti Dan Sturkie (On
l’appelle Trinita, Enzo Barboni, 1970). Coup de maître, donc,
de la part de René Chateau, que l’on ne remerciera jamais assez
d’être parvenu, on ne sait comment, à débloquer les droits du
« dernier Sacha Guitry encore invisible », proposé à
la vente dans une copie entièrement restaurée, objectivement
superbe, ce à l’heure
même où une décision de justice que nous ne commenterons pas –
l’usage en France le veut ainsi – vient de condamner, par le bon
vouloir de quelques ayants-droit moraux qui auraient mieux fait de
s’abstenir sur ce coup-là (le follement sympathique Christian
Duvivier et les sœurs Spaak, sublissimes comédiennes au prestige
international s’il en fût, pour ne pas les nommer), la version
alternative de La Belle Équipe à dormir sur les étagères des Archives du Film
du CNC pour les siècles des siècles. Amen. |