L'@ide-Mémoire

ENCYCLOPÉDIE DU CINÉMA FRANÇAIS

 

 

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Dictionnaire critique
 

 

Au voleur

de gauche à droite :O.E. Hasse, Paul Guers, Gérard Darrieu et Perrette Pradier ; Paul Guers et Perrette Pradier ; Perrette Pradier et Paul Guers (René Chateau, D.R.) 

ANNÉE PR : 1960. PAYS PR : France/RFA/Italie. PR DÉL : Jacques Schatz (Civa Productions). PR ASS : Cino Del Duca (Del Duca Films) & Rüdiger von Hirschberg (Neue Emelka). RÉ : Ralph Habib. SC : Sacha Guitry. AD & DIAL : Jean Bernard-Luc. IM : Pierre Petit (N&B). CAD : Noël Martin. ASS OP : Guy Maria & Maurice Kaminsky. PH PL : Yves Mirkine. SON : Guy Villette. ASS SON : Robert Cambourakis. MUS : Jean Wiener. DIR MUS : Marc Lanjean. ÉD MUS : Éditions Transatlantiques. MONT : Raymond Lamy. ASS MONT : Ginou Dodard. DÉC : Georges Petitot. COST : Hazel Vidler. Costumes de bain par la maison Repetto. MAQ : René Daudin & Fortune Tamberi. COIF : les coiffures de Perrette Pradier sont de Carita. ASS RÉ : Francis Caillaud (1er), Pierrre Desfons & Christian Moréa (2èmes). SCR : Lydie Doucet. RÉG GÉN : Paul Lemaire. RÉG ADJ : Clo d’Olban. ENS : André Labussière. ACC : Pierre Roudeix. CDP : Claude Le Gac. DIR PR : Henri Jaquillard. PR : Civa Productions (Paris), Record Film (Rome), Del Duca Film (Paris) & Neue Emelka (Munich). DIST : Lux – Compagnie Cinématographique de France (Paris). STU : Studios La Victorine. EXT : Côte d’Azur. TIR : Laboratoires Franay LTC St. Cloud. EFF SPÉ : Lax. PP (France) : 16/11/1960 (Triomphe, Sélect-Pathé & Lutétia). PP (RFA) : 03/02/1962. DUR ORIG : 130 mn (selon Jacques Lorcey). DUR ACT (DVD) : 89 mn. VISA : 23.383. TITRE ALL : Affäre Nabob.  

AVEC : Paul Guers (Serge Duval, alias le comte Amedeo Fornari), Perrette Pradier (Jeannette, dite Amenita), O.E. Hasse [= Otto Eduard Hasse] (« le Prince »), Sonia Ziemann [= Sonja Ziemann] (Miss Barbara), Mary Marquet (la patronne de l’auberge), Gérard Darrieu (l’inspecteur Bertrand), Georges Alban (le commissaire Bouchard), Jean-Pierre Zola (le gérant de l’hôtel), Rosine Moleux, Jean Luisi (l’ouvrier), Dan Sturkie, Gilbert Albin, Jean-Pierre Lorrain (le prêtre), Bob Lérick (le chauffeur du « Prince »), Robert Lamoureux (n’apparaît pas dans les copies actuellement visibles).  

Une ravissante aventurière (Perrette Pradier, bien meilleure comédienne et inifiniment mieux filmée que chez Robert Hossein à la même époque) s’éprend d’un apprenti voleur canaille et sexy (Paul Guers, au sommet de sa séuction), l’un comme l’autre convoitant un diamant de prix, le Nabab, que la demoiselle est parvenue à subtiliser à son richissime protecteur (O.E. Hasse, honnête sans plus) mais que, quelques jours auparavant, sa conquête a été chargé de dérober pour le compte d’un mystérieux commanditaire qu’il n’a jamais rencontré à visage découvert. Une vulgaire copie du fameux brillant entre à son tour dans la danse, et si on ne sait pas toujours au juste qui, de la belle Amenita, qui de son joli voyou, a le vrai – et donc le faux – diamant en sa possession, on devine très vite, en revanche, l’identité du personnage tirant depuis le début les ficelles de cet étrange ballet amoureux aux allures de quadrille : un homme, une femme, deux diamants dont un parfaitement bidon. Bidon, le film ne l’est pas, qui, totalement invisible depuis sa première sortie en salles, il y aura bientôt cinquante ans, tient plutôt bien la route un demi-siècle plus tard, et évoque sur le mode mineur le Sacha Guitry de Bonne Chance !, du Roman d’un tricheur et de L’Accroche-cœur. Un peu pour cause : Au voleur (Ralph Habib, 1960) est, on le sait, adapté d’un scénario original et inédit de l’auteur du Roman d’un tricheur, remanié de fond et comble par Jean Bernard-Luc – et débarrassé de ses mots d’auteur ? – à la demande des producteurs. Il en ressort une œuvre hybride, oscillant de bout en bout entre comédie de mœurs, polar sensuel et Nouvelle Vague, auquel ne manque, en définitive, que la patte d’un vrai cinéaste. N’empêche : Ralph Habib, semi-petit maître volontiers rangé parmi les pire tâcherons du Cinéma français des années 50, livre là sa réalisation la plus aboutie depuis Rue des Saussaies… (1950), et l’interprétation, à l’exception - coproduction avec l’Allemagne oblige – de l’atroce et inutile Sonja Ziemann, est pour beaucoup dans le charme pérenne de cette série B habilement troussée. En sus des trois têtes d’affiche mentionnées plus haut, on n’aura garde d’oublier Gérard Darrieu, cocasse et massif, Jean-Pierre Zola, lécheur et affairé, l’immense Mary Marquet, jouant on ne peut mieux – abattage intact – de son physique que drakkar à deux pattes, et, si l’on ne pourra que constater de visu l’absence, au générique comme à l’écran, de Robert Lamoureux, pourtant cité par les corporatifs de l’époque, on savourera à sa juste valeur la présence fugitive, inattendue dans les deux cas, du futur troisième couteau lautnérien Jean Luisi, et du non moins futur pilier de western spaghetti Dan Sturkie (On l’appelle Trinita, Enzo Barboni, 1970). Coup de maître, donc, de la part de René Chateau, que l’on ne remerciera jamais assez d’être parvenu, on ne sait comment, à débloquer les droits du « dernier Sacha Guitry encore invisible », proposé à la vente dans une copie entièrement restaurée, objectivement superbe, ce à l’heure même où une décision de justice que nous ne commenterons pas – l’usage en France le veut ainsi – vient de condamner, par le bon vouloir de quelques ayants-droit moraux qui auraient mieux fait de s’abstenir sur ce coup-là (le follement sympathique Christian Duvivier et les sœurs Spaak, sublissimes comédiennes au prestige international s’il en fût, pour ne pas les nommer), la version alternative de La Belle Équipe à dormir sur les étagères des Archives du Film du CNC pour les siècles des siècles. Amen. 

Sortie DVD le 8 avril 2011 chez René Chateau, prix indicatif : 15 €.  

© Armel de Lorme