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AU ROYAUME DES CIEUX |
ANNÉE
PR : 1949. PAYS ORIG : France. PR :
Arys Nissotti & Pierre O’Connell. RÉ : Julien
Duvivier. SC & AD : Julien Duvivier. DIAL :
Henri Jeanson. IM : Victor Arménise (N&B). CAD :
Walter Wot(t)itz. ASS OP : Jacques Robin (1er) &
Michel Bouyer (2ème). PH PL : Guy Rébilly. SON :
Pierre Bertrand (Western Electric). EFF SON : Jacques
Carrère. MONT : Marthe Poncin, assisté de Pierrette
Delbut. DÉC : René Moulaert. MAQ : Serge
Groffe. ASS RÉ : Jean-Claude Huisman (1er) &
Jacques Planté (2ème). ASS RÉ STAG : Michel Roman.
SCR : Denise Morlot. RÉG GÉN : Georges Testard. DIR
PR : Pierre O’Connell & Arys Nissotti. ADM
PR : Louis de Masure. PR : Régina Films. DIST :
Filmsonor. STU : Paris-Studios-Cinéma à Billancourt. EXT :
Saint-Mars-de-Coutais, Vue, Saint-Lumine, Passay et
Pont-Saint-Martin (Loire-Atlantique), Étampes & environs
(Essonne). TIR : Laboratoires LTC Saint-Cloud. DÉB :
07/03/1949. FIN : 17/05/1949. PP :
30/09/1949. MÉTR : 3.050 m. DUR : 100 mn. VISA :
8.710. |
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AVEC
: Serge Reggiani (Pierre Massot), Jean Davy (le curé Antonin),
Monique Mélinand (Mlle Guérande), Suzy Prim (Mlle Chamblas),
Christiane Lénier (Dédée la Balafrée), Anne Saint-Jean [=
Suzanne Cloutier] (Maria Lambert), Nadine Basile (Gaby "
Facture "), Liliane Maigné (Margot), Colette Deréal
(Lucienne), Nicole Besnard (Anna), Liliane Leroger [= Mistigri]
(Rosa), Renée Cosima (Camille), Sylvie Serliac
(Henriette), Ludmila Hols (Clarisse), Juliette Gréco (Rachel),
Jeanine Villars (Marcelle), Thérèse Flore (une pensionnaire),
Violette Salva(t) (Adèle), Caroline Carlotti (Fernande), Suzanne
Bernard (une pensionnaire), Ketty Albertini (Paulette), Jacqueline
Brouckère (Irma), Yvette Pieuchot [= Sophie Leclair] (une
pensionnaire), Florence Luchaire (Julie), Joëlle Robin (Suzy), Lyne
Carrel (une pensionnaire), Claude Mandel (une pensionnaire), Paule
Andral (Mme Bardin, la directrice), Jeanne Morlet (Mme Rubini), Lily
Mounet (Mme Maupin), Georgina Tisel (Mlle Vendenesse), Éva Morlot
(Mme Dulot), Andrée Tainsy (la fille de cuisine), Mathilde
Casadesus (Noémie Barattier, la patronne de l’auberge), Max
Dalban (M. Barattier, le patron de l’auberge), Jacques Reynier (le
brigadier), Louis Florencie (le 1er gendarme), Paul
Faivre (le 2nd gendarme), Henri Coutet (Garrat, le
camionneur), Max Dejean (l’homme de la digue), Françoise Adam,
Annette, Marie-Hélène Bailly, Nadine Bellaigue, Mireille Colussi,
Irène Daniel, Jeanne Daury, Monique Gérard, Zaura Ilami, Catherine
Le Couey, Monique Lénier, Hélène Rémy, Georgette Stéphan &
Nadine Tallier (les autres pensionnaires), Maurice Salabert. |
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Mi-vieille
fille, mi-lesbienne refoulée, la très sadique et parfaitement
folle Mlle Chamblas remplace la directrice, qui vient de mourir, à
la tête de l’institution de Haute-Mère, refuge
"encadré" de mineures délinquantes. Une nouvelle venue,
Maria Lambert détonne parmi ses compagnes, peut-être parce qu’elle
est sincèrement aimée par Pierre, jeune ouvrier venu travailler
aux abords de l’établissement afin de se rapprocher de l’adolescente.
Le jour de Noël, une inondation providentielle permet aux deux
jeunes gens de prendre le large, tandis qu’à l’institution, un
vent de révolte souffle contre la directrice. Défigurée par un
chien de garde et démise de ses fonctions, l’odieuse directrice
sera remplacée par une enseignante bienveillante et juste, mais
Maria ne survivra pas à sa tentative d’évasion…
Ce
n’est pas seulement d’un énième film sur l’univers carcéral
au féminin qu’il s’agit, encore que…, mais bien d’un
affrontement permanent entre le Bien et le Mal, la perversité
viscérale de Chamblas (Suzy Prim, exceptionnelle dans ce qui reste
son meilleur rôle à l’écran, jamais caricaturale) trouvant,
tout au long l’action, son exact contrepoint dans la pureté
foncière de Maria (Suzanne Cloutier, touchante sans mièvrerie, la
révélation du film) et, d’une certaine manière, de Pierre
(Serge Reggiani, sensible et impeccable). Affrontement inévitable,
mais traité sans manichéisme, chaque personnage – jusqu’au
plus secondaire – semblant osciller sans cesse entre ombre et
lumière. Cela est vrai pour le chœur des pensionnaires, dont les
plus coupables (l’anarchiste, la parricide, la délatrice), ou les
moins excusables sont, paradoxalement les plus attachantes, ça l’est
aussi pour les éducatrices, servies au mieux par des interprètes d’une
rare subtilité : Monique Mélinand-Guérande, alternant fermeté,
bienveillance et moments de doutes, Lily Mounet-Maupin, touchante
jusque dans son côté lécheur, Jane Morlet-Rubini, authentique
"double" de cinéma de Duvivier et de Jeanson, atteignant
des sommets de virtuosité l’espace de cinq ou six séquences…
Appliquant à la lettre des consignes – qu’elle réprouve –
édictées par sa supérieure hiérarchique mais capable dans le
même temps de se "laisser voler" les clefs de la cuisine
par une cohorte de sympathiques furies, ne prenant jamais
ouvertement parti mais faisant montre d’humanité discrète et de
grande lucidité derrière une façade bougonne et faussement
indifférente, c’est le joyau secret de ce film choral, lui-même
diamant noir dans l’œuvre de cinéma, fournie et inégale, d’un
Duvivier ici surinspiré. Porté d’un bout à l’autre par un
sujet traité sans complaisance ni démagogie, admirablement servi
par les éclairages de Victor Arménise et par la "beauté dans
la désolation" de paysages filmés sur lesquels semble, par
instants, planer l’ombre géniale de Friedrich Wilhelm Murnau, l’ancien
réalisateur de Pépé le Moko et de La Fin du jour
livre probablement ici, avec Panique et Pot-Bouille, l’une
de ses œuvres d’après-guerre les plus abouties. Cerise sur le
gâteau : le dialogue d’Henri Jeanson, n’a, pour une fois, pas l’air
d’avoir été écrit par Jeanson. Ou bien alors, ce qui revient
finalement au même, un Jeanson plus tendre et plus subtil qu’à l’ordinaire,
moins obnubilé par le sacro-saint culte de la réplique-qui-doit- obligatoirement-faire-mouche
qu’à l’accoutumé. Son – exceptionnelle – discrétion
trouve sa réponse immédiate dans la façon dont les interprètes,
tous justes, tous inoubliables, s’approprient de bout en bout un
texte loin de tout naturalisme. Cela est vrai pour les comédiens
confirmés, voire surexpérimentés (Jane Morlet encore et toujours,
Lily Mounet, Paule Andral, Paul Faivre, Louis Florencie), ça l’est
peut-être encore plus pour la jeune garde, de Serge Reggiani aux
"dix futures vedettes du Cinéma
français" annoncées non nommément par le générique de
début, parmi lesquelles Suzanne Cloutier, Liliane Maigné, Colette
Deréal et Renée Cosima se taillent les meilleures parts. D’autres
traversent, plus discrètement, le film, parmi lesquelles Nicole
Besnard, Juliette Gréco et Nadine Tallier, elles auront leur
"revanche" quelques mois – ou quelques années – plus
tard : René Clair (La Beauté du diable) pour la première,
Jean Cocteau (Orphée) pour la deuxième, Élie de Rothschild
pour la troisième. Comme quoi, du royaume des Cieux à la haute
finance… |
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© Armel de
Lorme |
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