L'@ide-Mémoire

ENCYCLOPÉDIE DU CINÉMA FRANÇAIS

 

 

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Dictionnaire critique
 

 

TOUT L'OR DU MONDE

ANNÉE PR : 1961. PAYS ORIG : France/Italie. PR DÉL : Hubert Vincent-Bréchignac (S.E.C.A.) & Georges Lourau (Filmsonor). PR ASS : Guido Giambartolomei (Royal Film). RÉ : René Clair. SC, AD & DIAL : René Clair. COLL AD : Jacques Rémy & Jean Marsan. IM : Pierre Petit (N&B). CAD : Noël Martin. ASS OP : Albert Militon. PH PL : Walter Limot. SON : Antoine Petitjean (Enregistrement Western Electric). MUS : Georges Van Parys. MONT : Louisette Hautecœur & Arlette Lalande. DÉC : Léon Barsacq, assisté de André Bakst & Jacques Chalvet. ENS : Maurice Barnathan. COST : Marie-Claude Fouquet. MAQ : Hagop Arakelian. ASS RÉ : Serge Vallin. RÉG GÉN : Claude Pinoteau. DIR PR : Jacques Planté. PR : S.E.C.A. - Société Études Cinématographiques et Artistiques & Filmsonor (Paris), Cineriz & Royal-Film (Rome). DIST : Cinédis. DIST : Gray-Film. STU : Paris-Studios-Cinéma. TIR : Laboratoires Franay LTC St. Cloud. EXT : Castillonès (Lot-et-Garonne) & environ. EFF SPÉ : Lax. DÉC : 02/05/1961. FIN : 14/07/1961. PP : 01/11/1961. DUR : 88 mn. VISA : 24.784. TITRE ITALIEN : Tutto l’oro del mondo.

AVEC : Bourvil (Mathieu Dumont, Toine Dumont & Martial Dumont), Alfred Adam (Jules, le chauffeur), Philippe Noiret (Victor Hardy, le promoteur), Claude Rich (Fred, son associé), Colette Castel (Stella, la reine de la chanson), Annie Fratellini (Rose, la serveuse du café), Nicole Chollet (la patronne du café), Max Elloy (le garde champêtre), Jean Marsan (le reporter), Pascal Mazzotti (le présentateur télé), Albert Michel (le maire de Cabosse), Michel Modo (Tony, le mari de Stella), Georges Toussaint (le préfet), Françoise Dorléac (la journaliste), Yves Barsacq (un photographe), Paul Bisciglia (un photographe), Sophie Grimaldi (l’actrice), Catherine Langeais (la speakerine), Robert Burnier (le directeur du magazine), Édouard Francomme (le conseiller municipal), René Hell (le notaire), Claude Véga (le metteur en scène), Christian Marin (le régisseur), Paul Mercey (le gardien de prison), Max Montavon (le passager du taxi), Paul Préboist (le pique-niqueur), Jean Sylvain (l’employé de banque), Jean-Pierre Zola (le maquettiste), Georges Bever, Jacques Ciron, Pierre Mirat, Robert Rollis & Jean Rupert (des automobilistes), Alix Bouvier (un auditeur assistant au discours du maire 1), Michel Chanier (un spectateur à la représentation 1), Emmanuel Pierson, Louis Viret.

1. Illustres inconnus cités par Wikipedia, avec les réserves d’usage.

Pour commencer par les choses qui fâchent, Philippe Noiret n’a jamais été aussi mauvais (encore que…), l’habituellement solide Alfred Adam roule passablement sur la jante – le comble pour un chauffeur de maître – et l’immense Claude Rich, sous et mal utilisé, n’est pas lui non plus en très grande forme. Un cran au-dessus, ou au-dessous, c’est selon, Bourvil élevé au cube (un père et ses deux fils) pour les besoins du script est trois fois moins réjouissant qu’en temps normal, autrement dit pas beaucoup, atteignant au passage des sommets de grotesque assez inégalés dans sa partition de gaucho père de famille nombreuse et se vautrant littéralement dans une ridicule scène d’éthylisme comme seuls peuvent en jouer des comédiens n’ayant jamais pris une cuite de leur vie. Les actrices ne sont pas en reste, sacrifiées par le scénario, ou quoi que ce soit se faisant passer pour tel : Colette Castel, mal filmée, affreusement dirigée, traverse cinq ou six scènes sans imprimer véritablement la rétine du spectateur, Annie Fratellini voit sa sensibilité et sa fantaisie sacrifiées l’une et l’autre sur l’autel de la bécasserie ambiante, tandis que Françoise Dorléac, caricaturale et quasi enlaidie (faut le faire !), se dépêtre comme elle le peut du rôle (?) de journaliste aux dents longues qui lui a été imparti, on se demande encore pourquoi... D’un sujet à la Alphonse Allais (mettre les villes à la campagne, vieux fantasme) qui aurait, de toute évidence, fait le bonheur d’un Jacques Tati ou de n’importe quel metteur en scène italien des années 60, René Clair tire une sorte de comédie brouillonne, rarement drôle, vite essoufflée sitôt passés le périph’ et la séquence d’exposition : une sorte d’embouteillage urbain mal filmé où se téléscopent comédiens énervés et gags poussifs encore moins drôles que ceux, à venir, des Charlots ou d’un Max Pécas. Aucun des ingrédients généralement propices à toute comédie digne de ce nom – au hasard, la virtuosité des dialogues, le sens du rythme ou du décalage, pour ne pas parler de comique poétique – n’a été incorporé à la recette de base par un réalisateur se reposant de toute évidence sur ses acquis déjà anciens, ses épaulettes toutes fraîches d’Académicien-Français, et le postulat que la satire est un genre comique à part entière, ce qui n’est pas faux en soi. Or, que reste-t-il de la satire, précisément, sans la dose de méchanceté bien sentie, voire de cruauté, qui lui confère généralement tout son sel ? Faute d’avoir, par excès de précautions ou de gentillesse – ce terme pris aux deux sens du terme, y compris le plus péjoratif – su pimenter son propos, incapable au final de s’engager à fond dans l’une ou l’autre des deux seules voies envisageables compte tenu du sujet, la poésie cinématographique ou, a contrario, la vacherie assumée, Clair, grandeur et décadence, se borne à livrer un ersatz de comédie mollassonne dont le seul parfum reste bien, au final, celui du sapin. Logique, somme toute, tant il est vrai que la frontière est souvent mince qui sépare l’immortalité supposée de l’Académicien flambant neuf et la mort artistique, sinon cérébrale, allant généralement de pair. Voir, si besoin est, le dernier roman "politico-érotique" (!) de l’Académicien-Français (!!) Valéry Giscard d’Estaing (!!!).

LIENS :

Tournage :

www.ina.fr/video/CAF90046318/tournage-film-de-rene-clair-tout-l-or-du-monde.fr.html

ITV René Clair :

www.ina.fr/art-et-culture/cinema/video/I05182545/rene-clair-parle-de-son-dernier-film-tout-l-or-du-monde-avec-bourvil.fr.html

© Armel de Lorme