L'@ide-Mémoire

ENCYCLOPÉDIE DU CINÉMA FRANÇAIS

 

 

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Hommages
 

 

Anne Alexandre

Née à Charleroi (Belgique) le 17 août 1920.

Décédée le 25 février 2010.

Longtemps doyenne du Théâtre de La Huchette, qu’elle dut quitter pour raisons de santé à l’âge tout de même respectable de 89 ans, la franco-belge Anne Alexandre n’a pour ainsi dire jamais connu autre chose que la vie de troupe. Elle a été, avec Jacqueline Rouillard-Jabbour, l’un des piliers féminins de la Compagnie Jacques Fabbri, a plus tard intégré celle non moins cotée de Jean Rougerie, et a logiquement intégré le " Spectacle Ionesco " vers la fin des années 80. Après avoir quelque temps interprété les deux bonnes (celles de La Cantatrice chauve et celle de La Leçon), elle hérite très vite, dans la première de ces deux pièces, de la délicieusement distraite et parfaitement absurde Elizabeth Martin, à laquelle elle confère, représentation après représentation, un grain d’authentique folie absent – ou plus discret – chez la plupart des autres " titulaires " du rôle. Compensant sa taille minuscule par une précision de haut vol dans le jeu et une mécanique faciale assez unique en son genre, Anne Alexandre, bien que méconnue du grand public, était finalement assez proche des monstres sacrés " à l’ancienne " chers à Cocteau, parfaitement capable au choix de rappeler au bon souvenir de leurs interlocuteurs de torrides amours passées avec un futur président de la République (plutôt officiellement à gauche et chaud lapin notoire), de se maquiller au vu et au su de tous devant le portrait du roi Baudouin avant d’entrer en scène, ou de débouler, un soir de cérémonie des Molières, au siège social d’un grand établissement bancaire en croyant mettre le pied à l’Opéra-Comique et de s’annoncer au guichetier n’en croyant mais par un Je suis Anne Alexandre du Théâtre de la Huchette, veuillez m’indiquer ma loge s’il vous plaît mi-autoritaire, mi-charmeur. On n’en regrettera que davantage la parcimonie avec laquelle le Septième Art l’aura utilisée, gardant à défaut le souvenir de l’hôtelière au sourire trop commercial pour être tout à fait honnête des Galettes de Pont-Aven (Joël Séria, 1975) et surtout de quelques rombières bon teint, telle l’admiratrice d’Annie Girardot, menue mais énergique, bousculant tout et tout le monde lors d’une séquence de dédicace pour parvenir jusqu’à son idole et engueulant vertement au passage les malheureux des deux sexes par elle jugés coupables de ne pas lui céder le pas aussi rapidement qu’elle ne l’aurait souhaité (Vas-y Maman, Nicole de Buron, 1978). Dans le portrait collectif consacré début 2007 par Gauthier Fages de Bouteiller et l’auteur de ces lignes aux Comédiens de la Huchette, elle était assurément – bien que la plus âgée – l’une des trois ou quatre actrices crevant l’écran avec le plus d’évidence. Elle avait été la seule, également, à réclamer une nouvelle prise, au prétexte qu’elle avait commis deux ou trois erreurs d’ordre historique et que " Nicolas (Bataille) ne serait pas content " (sic), avant de tout redire absolument à l’identique : fine mouche, elle avait jeté un coup d’œil discret aux premières images sur l’écran de contrôle, ne les avait pas trouvées à son goût et avait eu recours à ce prétexte, proféré avec suffisamment d’aplomb et de tranquillité pour être crédible, à seule fin d’être refilmée de façon plus flatteuse que précédemment et, accessoirement, de refaire face caméra, une sortie encore plus spectaculaire que la première fois. D’aucuns, estimant qu’elle avait largement passé l’âge de jouer les coquettes, fût-ce pour la bonne cause, l’auraient traitée de vieille cabotine. Nous, nous l’avions simplement trouvée classe. Un peu chiante, mais classe.

Remerciements à Gonzague Phélip, historiographe du Théâtre de la Huchette.

"Les Martin", photo Maki, DR.

Photo Ider Amekhchoun, DR.

FILMOGRAPHIE CINÉMA :

1953 : Lumière/Lumière et l’invention du cinématographe (Paul Paviot, CM). 1975 : Les Galettes de Pont-Aven (Joël Séria). 1978 : Vas-y Maman (Nicole de Buron). 1991 : Et demain… Hollywood ! (Jean-François Villemer). 1997 : Je suis vivante et je vous aime (Roger Kahane). Watani, un monde sans mal (Med Hondo). 2007 : 72/50 – Un trombinoscope filmé (Armel de Lorme et Gauthier Fages de Bouteiller).

FILMOGRAPHIE TÉLÉVISION :

1972 : Le Manège de Port-Barcarès (Pierre Cosson). Celle qu’on laisse passer (Edmond Tiborovsky). (Karatékas and C° (Edmond Tiborovsky). 1979 : Mon ami Gaylord (Pierre Goutas). 1980 : L’Enterrement de Monsieur Bouvet (Guy-André Lefranc).

LIEN :

www.theatrehuchette.com/anne_alexandre (curriculum vitæ en ligne et théâtrographie sur le site officiel du Théâtre de la Huchette).

© Armel de Lorme