Annonce via le comédien
Jean-Marc Cozic de la disparition, dans sa 91ème année,
de Denise Provence, actrice assez inégalable en son genre, qui
savait fort bien faire rimer « anguleuse » avec « savoureuse »,
« acidité » avec « légèreté » et
« élégance » avec « truculence ».
Meilleure amie à la ville de Danielle Darrieux, qu’elle croisera
plusieurs fois à l’écran, petit ou grand, et qui révélera lors
d’un Vivement dimanche
de sinistre mémoire que sa camarade était atteinte, depuis des années,
de la maladie d’Alzheimer, elle restera dans un coin de la mémoire
des cinéphiles comme la coprotagoniste drôle et racée à la fois
d’un nombre assez impressionnant de vaudevilles filmés, peu ou
prou périssables, et peut-être plus encore comme une tardive mais
authentique excentrique dans la grande tradition de Chirat et
Barrot.
Les
ambiances « Empire »– premier ou second – lui
seyaient fort bien, qui la virent interpréter à l’écran, à
quelques années d’intervalle et entre deux épouses adultères,
une camériste d’Hortense Schneider (La Valse de Paris, Marcel Achard, 1949), une comtesse transalpine égarée
dans la campagne d’Italie (Un
caprice de Caroline Chérie, Jean Devaivre, 1952) et une exquise
Païva (Les Truands, Carlo
Rim, 1956). La maturité
et les premières rides arrivées, Denise Provence avait su endosser
avec la même classe et le même humour à fleur de peau que jadis
l’épouse de chirurgien archicocue – pas autant que la célèbre
journaliste que l’on sait, mais presque – des Lions sont lâchés (Henri Verneuil, 1961) et l’envahissante
petite bourgeoise de Landru
(Claude Chabrol, 1962), la grande dame britannique survoltée d’Une ravissante idiote (Édouard Molinaro, 1967) faisant exploser les
coutures de sa
robe du soir en plein cocktail mondain pour avoir mangé le sandwich au cresson de trop, et la snobissime mère d’élève
des Grandes Vacances (Jean
Girault, 1967), dont point n’est besoin d’être sorcier pour
deviner qu’elle couche discrètement avec son très zélé
chauffeur. Les multidiffusés premiers volets de la saga Angélique
la fixeront durablement comme la bonne Barbe, sage-femme du premier
opus (Angélique, marquise des
Anges, Bernard Borderie, 1964) devenue servante d’auberge au détour
du second (Merveilleuse Angélique,
Borderie, id.), et l’on se souviendra que, passé le cap des années
70, Denise Provence sut encore s’approprier avec une pertinence et
une saveur comparables bourgeoises ashkénazes, petites (Les
Aventures de Rabbi Jacob, Gérard Oury, 1973) ou grandes (Le Mâle du siècle, Claude Berri, 1974), les patronnes de bougnats
parisiens avenantes (Le
Beaujolais nouveau est arrivé, Jean-Luc Voulfow, 1977) et les
tenancières d’hôtel de province compassées (Pourquoi
pas nous ?, Michel Berny, 1980). ADL
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LIEN
VIDÉO
:
www.youtube.com/watch?v=PhhdqMwdQ3o
. Extrait des Aventures
de Rabbi Jacob (Gérard Oury, 1973), avec par ordre d’apparition
à l’écran : Jean Herbert (alias Popeck), Denise Provence,
Janet Brandt, Lionel Spielman, Louis de Funès, Claude Giraud, Suzy
Delair, Malek Eddine, Renzo Montagnani, Claude Piéplu, Michel
Duplaix, Annick Roux, André Penvern, Roger Riffard, Marcel Dalio,
Henri Guybet, Yves Peneau et Micheline Kahn.
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