Jenny Alpha

Née à Fort-de-France (Martinique) le 22 avril 1910.

Mariée au poète Noël Villard.

Décédée à Paris le 8 septembre 2010.

Chanteuse de jazz et chantre de la « créolitude », comédienne et résistante, Jenny Alpha était la femme de tous les combats et toutes les rencontres : exceptionnellement longue, sa route aura croisé celles de Joséphine Baker et de Duke Ellington, d’Aimé Césaire et de Léopold Sédar Senghor, de Julius Amédé Laou et de Med Hondo, mais aussi, plus fugitivement, celle de Jean-Pierre Mocky. Dans Noir comme le souvenir (1994), elle incarnait – à 84 ans – une très drôle, très avisée et très sexy Fidélia, apportant, mine de rien, une salutaire bouffée d’oxygène au climat censément glauque d’un polar étouffant à souhait. Jusqu’au bout, elle aura fréquenté assidûment plateaux de tournages, scènes de théâtre et même studios d’enregistrement – son dernier disque remontant à 2008 –, ce qui constitue, si besoin est, la preuve éclatante qu’on peut être à la fois une très vieille dame et l’exact contraire de Liliane Bettencourt : à traversée du siècle égale ou presque, le fossé était immense qui séparait la doyenne des comédiennes françaises en exercice du prototype pathétique et réjouissant de Mamie Zinzin. L’actuel maire de Paris a, pour sa part, rendu légitimement hommage, lors d’un déplacement récent aux Antilles, à «une pionnière dans le domaine des arts (…) qui a fait de sa vie un combat pour que la femme noire y ait toute sa place». Pas mieux : le cinéma français ne serait pas tout à fait ce qu’il est sans Darling Légitimus, partie en 1999, et Jenny Alpha, jeune centenaire fraîchement disparue. Merci de vous, Madame.  

FILMOGRAPHIE CINÉMA :

1977 : En l’autre bord (Jérôme Kanapa, inédit). 1978 : Le Fils puni (Philippe Collin). 1979 : West Indies ou les Nègres marrons de la liberté (Med Hondo). 1984 : Réveillon chez Bob (Denys Granier-Deferre). 1986 : Folie ordinaire d’une fille de Cham (Jean Rouch, Philippe Costantini, Daniel Mesguisch, Alberto Chiantaretto, Marco Di Castri et Daniel Pianciola). Karukera au bout de la nuit (Constant Gros-Dubois). La Vieille Quimboiseuse et le Majordome (Julius Amédé Laou). 1990 : Le Secret de Sarah Tombelaine (Daniel Lacambre). 1991 : Mountain of Diamonds/La montagna dei diamanti (Jeannot Szwarc). 1992 : L’Absence/Die Abwensenheit (Peter Handke). 1994 : Noir comme le souvenir (Jean-Pierre Mocky). 1998 : Le Bleu des villes (Stéphane Brizé). 2002 : Madame Celat va bien (Dominique Colnel). 2004 : Monsieur Étienne (Yann Chavia, CM). 2009 : Télumée Miracle (Chantal Picault).

FILMOGRAPHIE TÉLÉ :

1963 : Le Théâtre de la jeunesse/La Case de l’oncle Tom (Jean-Chistophe Averty). 1976 : Le Journal de Getuglio (Michel Parbot). Les Cinq Dernières Minutes/Les Petits d’une autre planète (Claude Loursais). 1978 : Une femme, une époque/Joséphine Baker (réalisateur non connu). 1979 : Bolivar et le congrès de Panama (Eduardo Manet). 1981 : Le Voleur d’enfants (François Leterrier). 1982 : Médecins de nuit/Le Bizutage (Gérard Clément). 1984 : Péchés originaux/J’ai comme une musique dans la tête (Philippe Monnier). 1991 : La Montagne de diamants (Jeannot Szwarc) .

2006 : Lumières noires de Bob Swaim (Bob Swaim). 2008 : Jenny Alpha : Une flamme créole (Thierry Desroses et Gilles Oddos). Un siècle de Jenny (Laurent Champonnois et Federico Nicotra). 2009 : Les Vies de Jenny, une histoire de résilience (Nathalie Glaudon).

LIENS VIDÉO :

www.youtube.com/watch?v=HP2ROv4FlIo (Jenny Alpha : Une flamme créole, Thierry Desroses et Gilles Oddos, 2008 : teaser).

www.youtube.com/watch?v=GvZ1Ecf885A (Dernier adieu).

www.youtube.com/watch?v=MYIF2Kcpr1g (Rappel en chansons).