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Laurent Terzieff |

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Véritable nom : Laurent Didier Alex Terziev.
Né à Toulouse (Haute-Garonne) le 27 juin 1935.
Décédé à l’hôpital de la
Pitié-Salpêtrière (Paris) (13ème) le 2 juillet 2010. |
D écès,
deux semaines après la disparition de Nathalie Nattier, d’un
autre comédien français d’origine slave, au final sous – et
pas toujours très bien – utilisé par le cinéma français.
Révélé du jour au lendemain par le succès phénoménal des très
surévalués Tricheurs (Marcel Carné, 1958), dès lors voué
aux bad boys de pure convention auxquels auraient simplement manqué
le Las(z)lo Benedek de L’Équipée sauvage, l’Elia Kazan
de Sur les quais ou le Nicholas Ray de La Fureur de vivre,
le très incandescent Laurent Terzieff n’aura en définitive
tourné dans son pays natal qu’une poignée de films (La
Prisonnière, La Voie lactée, Les Hautes Solitudes,
Détective…) à la mesure de son immense talent, mieux
servi au demeurant par l’Âge d’or du cinéma transalpin que par
un Claude Autant-Lara sur le déclin (Le Bois des Amants,
1960), un Alex Joffé à la ramasse (Les Culottes rouges,
1962) ou une Véra Belmont péniblissime (Rouge Baiser,
1984). Les Garçons (Mauro Bolognini, 1959) valaient
assurément bien mieux que Les Tricheurs, le glacé-brûlant Vanina
Vanini (Roberto Rossellini, 1961) sut admirablement mettre en
valeur une solarité presque sous-jacente que d’autres – et pas
toujours des moindres – n’avaient pas forcément su déceler à
l’époque derrière la séduction hors norme du beau ténébreux,
l’incroyable Médée (Pier Paolo Pasolini, 1969), où il
silhouettait en deux scènes un très sexy Centaure, confirma que l’acteur,
né de ce point de vue dix ou quinze ans trop tard, était
probablement " fait " pour les personnages de
Cocteau avec plus d’évidence encore que Jean Marais, le
sublissime et déroutant Ostia (Sergio Citti, id.) lui permit
de prouver, si besoin était, qu’animalité, sensibilité et
cérébralité font souvent très bon ménage chez les artistes d’exception.
Viva Italia !
Parti
dans la plus totale discrétion une semaine à peine après son 75ème
anniversaire, Laurent Terzieff n’aura in fine jamais
quitté les planches, servies avec une exigence rare un demi-siècle
durant : on n’est pas, ou alors très rarement, le fils
spirituel de Roger Blin pour rien. Quarante-huit heures après sa
disparition, les hommages abondent, Fabrice Luchini (" Il
a cultivé comme personne le théâtre de fraternité ")
et Frédéric Mitterrand (" Laurent Terzieff, c’était
le talent à l’état pur, la force de l’interprétation, l’artiste
passionné, exigeant, travailleur infatigable et
inspiré " (…) " Son physique, tout en force
et en fragilité, sa voix, cette capacité à aller au-delà du
possible, nous touchent au plus profond. L’empreinte qu’il
laisse dans le cinéma et le théâtre et sa liberté indomptable
resteront inoubliables ") prouvent un peu grâce à lui qu’il
peuvent l’un et l’autre – parfois – prendre la parole pour
dire quelque chose d’utile, et le souvenir somme toute récent
revient en mémoire d’un grand seigneur, un vrai, dont la tenue et
l’élégance avaient en avril dernier illuminé l’espace de
quelques minutes la dernière et passablement tristoune cérémonie
des Molières. Laurent Terzieff en était reparti doublement
récompensé, et – mais qui en doutera encore ? – ce n’était
que justice. Dans un pays où, de magouilles diverses en
passe-droits variés, ce vocable semble, depuis quelques années,
tout ou partie vidé de son sens, il nous semblait judicieux de l’utiliser,
pour une fois, à bon escient. Respect donc. Immensément. |
FILMOGRAPHIE CINÉMA :
1957 : Le Père et l’Enfant – 1er
Mai (Luis Saslavsky). 1958 : Araya/idem
(Margot Benacerraf, commentaire). Douze Heures d’horloge
(Géza Radványi). Les Tricheurs (Marcel Carné).
1959 : Les Garçons/La notte brava (Mauro Bolognini). Kapo/Kapò
(Gillo Pontecorvo). Les Régates de San Francisco
(Claude Autant-Lara). 1960 : Le Bois des Amants
(Claude Autant-Lara). Tu ne tueras point (Claude
Autant-Lara). 1961 : La Dénonciation (Jacques
Doniol-Valcroze, commentaire). La Frontière
(Jean Cayrol et Claude Durand, CM, commentaire). Les 7
Péchés capitaux – sketch La Luxure
(Jacques Demy). Vanina Vanini/idem (Roberto
Rossellini). 1962 : Ballade pour un voyou
(Jean-Claude Bonnardot). Les Culottes rouges (Alex
Joffé). 1963 : La Messe sur le monde (Dominique
Delouche, CM, commentaire). Monsieur Satie
(Alain Jomy, CM, commentaire). Mort, où est ta
victoire ? (Hervé Bromberger). 1964 : L’Adage
(Dominique Delouche, CM, commentaire). Le Grain de
sable (Pierre Kast). 1965 : L’Affaire Dreyfus
(Jean Vigne, CM, commentaire). 1966 : À cœur joie
(Serge Bourguignon). Fruits amers (Soledad)
(Jacqueline Audry). Le Horla (Jean-Daniel Pollet, CM).
Le Voyage du père (Denys de La Patellière).
1967 : La Prisonnière (Henri-Georges Couzot et
Robert Menegoz). 1968 : Le Révélateur (Philippe
Garrel). La Voie lactée (Luis Buñuel). 1969 : Médée/Medea
(Pier Paolo Pasolini). Ostia/idem (Sergio Citti).
1970 : Les Gémeaux/Bröder Carl/Brother Carl
(Susan Sontag). 1974 : Les Hautes Solitudes
(Philippe Garrel). Jeu (Reginald Gray). Mosè/Moses
1 (Gianfranco De Bosio). Un ange passe
(Philippe Garrel). 1975 : Il pleut sur Santiago
(Helvio Soto). 1976 : Le Désert des Tartares/I desierto
dei Tartari (Valerio Zurlini). Maladie mortelle
(François Weyergans, inédit). Voyage au jardin des morts
(Philippe Garrel, CM). 1977 : Noces de sang/Urs al-Dam
(Souheil Ben Barka). Utopia (Iradj Azimi). 1978 :
Couleur chair (François Weyergans). 1980 : La
Flambeuse (Rachel Weinberg). 1984 : Détective
(Jean-Luc Godard). Diesel (Robert Kramer). Rouge
Baiser (Véra Belmont). 1985 : D’Annunzio
(Sergio Nasca). La ragazza dei lilla (Flavio
Mogherini). 1987 : Don Bosco (Leandro
Castellani). Le Radeau de la Méduse (Iradj Azimi).
1988 : Étoile (Peter Del Monte). 1989 : Hiver
54 – L’Abbé Pierre (Denis Amar). 1992 : Germinal
(Claude Berri). 1994 : Fiesta (Pierre Boutron).
1998 : El pianista (Mario Gas). La Guerre
dans le Haut-Pays (Francis Reusser). 1999 : Il
manoscritto del principe (Roberto Andò). Sulla
spiaggia e di là dal molo (Giovanni Fago). 2000 : A
propósito de Buñuel (José Luis López Linares et Javier
Lopez Rioyo). Territori d’ombra (Paolo Modugno).
2001 : Peau d’ange (Vincent Perez). Rien,
voilà l’ordre (Jacques Baratier). 2002 : Pontormo
(Giovanni Fago). 2004 : Mon petit doigt m’a dit…
(Pascal Thomas). Tête d’or (Gilles Blanchard, voix
off). 2006 : J’ai toujours rêvé d’être un
gangster (Samuel Benchetrit). 2008 : Le ombre
rosse (Francesco Maselli). 2010 : Largo Winch 2
(Jérôme Salle).
1. Version courte,
inédite sur les écrans français du feuilleton italo-britannique Mosès,
la legge del desierto/Moses the Lawgiver. |
FILMOGRAPHIE TÉLÉVISION (NON EXHAUSTIVE) :
1957 : Les Enfants de la Nuit
(Jean Prat). En vôtre âme et conscience : L’Affaire
Weidmann (Jean Prat). 1967 : Hedda Gabler
(Raymond Rouleau). Zoo Story (Roland Coste). 1973 :
David, la nuit tombe (André Barsacq). De vagues
herbes jaunes (Josée Dayan). 1974 : Beau François
(Roger Kahane). Moïse/Mosè, la legge del desierto/Moses the
Lawgiver (Gianfranco De Bosio). 1975 : Bérénice
(Raymond Rouleau). Christophe Colomb (Jean-Paul
Carrère). Les Grands Détectives : La Lettre volée
(Alexandre Astruc). 1976 : Maladie mortelle
(François Weyergans). 1981 : L’Apprentissage de la ville
(Caroline Huppert). 1983 : La Flèche dans le cœur/La
freccia nel fianco (Giovanni Fago). 1986 : La
Guérison américaine (Stéphane Bertin). 1988 : Étoile
(Peter Del Monte). 1992 : Delitti privati (Sergio
Martino). 1995 : Temps contre temps (Stéphane
Bertin). 1998 : Le Bonnet de fou (Stéphane
Bertin). 2009 : Quand la guerre sera loin (Olivier
Schatzky). La Vénitienne (Saara Saarela).
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LIENS VIDÉO : www.youtube.com/watch?v=YwPpCHRa2hM&feature=related (Les
Garçons/La notte brava, Mauro Bolognini, 1959 :
extrait avec Mylène Demongeot)
www.ina.fr/video/I00009342/laurent-terzieff-jeune-premier-malgre-lui.fr.html
(retour sur le tournage de La Voie lactée)
www.youtube.com/watch?v=jONXQSSMjIE
(La Voie lactée, Luis Buñuel, 1968 : extrait #1)
www.youtube.com/watch?v=loB8dRZ2SAo
(La Voie lactée, Luis Buñuel, 1968 : extrait #2 ou Un bon pape est un
pape fusillé)
www.youtube.com/watch?v=QGPd411gOYA
(Médée/Medea, Pier Paolo Pasolini, 1969 : générique & premières scènes)
www.youtube.com/watch?v=PSso4RYdWm8 (Ostie/idem,
Sergio Citti, 1969 : extrait)
ha.ina.fr/art-et-culture/arts-du-spectacle/video/I00009336/laurent-terzieff-repetition-le-bonnet-de-fou.fr.html
(Laurent Terzieff au travail)
video.google.com/videoplay?docid=-128697296310629204#
(interview
long drink)
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© Armel de
Lorme |

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