L'@ide-Mémoire

ENCYCLOPÉDIE DU CINÉMA FRANÇAIS

 

 

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Hommages
 

 

Mila Parely

Véritable nom : Olga Colette Peszynsky.

Née à Paris le 7 octobre 1917.

En dépit de ratés assez consternants, allant du grand (?) Charles Aznavour se livrant – à propos de la moumoute de Charles Boyer – à des apartés caméra dignes d’un cabot de troisième zone à une fâcheuse séquence " dîner de cons " dont Paulette Dubost, cent ans bientôt et une certaine propension à ne plus parler que de fric et de fesse, s’est retrouvée en quelque sorte l’invitée de choix, l’hommage circonstancié rendu par Michel Drucker à la toujours épatante Danielle Darrieux, quelques semaines avant la sortie annoncée du film Pièce montée, a été riche en moments assez magiques, ayant notamment permis d’entrevoir via de trop courts magnétos des extraits de films peu (Occupe-toi d’Amélie… !) ou pas du tout (Le Bal) visibles. C’est dire si notre plaisir, plutôt de l’ordre de l’indicible, s’est trouvé quelque peu gâché, à l’arrivée, par les mauvaises nouvelles données par l’invitée d’honneur quant à l’état de santé de Mila Parely, comédienne que, de Raymond Chirat à Italo Manzi en passant par l’auteur de ces lignes, nous adorons à L’@ide-Mémoire. Il semble qu’il soit désormais trop tard pour pouvoir raisonnablement espérer que l’élégantissime Mila sorte de sa nuit, mais rien n’interdit de se remémorer, tant qu’elle encore est parmi nous (et même si c’est de moins en moins vrai), la comédienne exceptionnelle, fine et sensible, belle et fantasque, qui assista de sa fenêtre à l’incendie du Reichstag, chanta outre-Atlantique avec l’orchestre de Rudy Vallee, faillit porter un enfant de Jean Marais, sut cultiver les rencontres avec les plus grands metteurs en scène et anima infatigablement, des années durant, les Rencontres cinématographiques de Vichy. Hommage.

L’Orientale, la silencieuse, sultane ou esclave qui distille les songes aux hommes fatigués, la nostalgie aux marins désœuvrés, c’est Raphaële, femme des ailleurs et des désespérances. Une sylphide échappée d’on ne sait quel harem, qui s’allonge, indolente, sur les coussins de la Maison Tellier. Magicienne, elle confère un éclat trouble à ses colliers de pacotille, à ses bracelets de verroterie. Les parfums d’Arabie entêtent au jeu de ses écharpes. Elle se tait, écoute encore ceux qu’elle endort doucement. Raphaële fournit à la Maison Tellier un exotisme de bon aloi. Les notables la craignent comme on craint un reptile, mais les matelots quêtent ses enlacements. De quels lointains rivages la Belle Juive de l’ami Maupassant s’est-elle évadée ? Elle est à l’image de l’interprète. L’envoûtante Mila Parely acceptait le moindre rôle, sûre de le marquer et de l’imposer. Elle a su, au temps de Vichy, auréoler de beauté, dans des toilettes vaporeuses, les plus romanesques démons : ceux qui épouvantaient Monsieur des Lourdines et la famille Roquevillard. À la veille de la défaite, elle trépidait dans les salons de La Règle du jeu. Passé l’orage, elle s’est pavanée dans les atours Grand Siècle de l’orgueilleuse Félicie, sœur de la Belle en attente de la Bête. Elle a tout joué avec une apparente désinvolture et un brillant jamais terni : demoiselle du pavé (Circonstances atténuantes), tricoteuse cruelle (Remontons les Champs-Élysées), nonne compatissante (Les Anges du péché), Tarquine de L’Esclave blanche, Yada du Lit à colonnes… Guitry l’admirait, comme Cocteau. Son rôle dans Le Plaisir fut son chant du cygne. Elle s’est tue, sans regret, nous abandonnant Raphaële, la fascinante, aux yeux mi-clos et au corps alangui. RC

Née Olga Perzinsky à Paris le 7 octobre 1917, la future Mila Parely interrompt très jeune ses études de médecine pour effectuer des débuts remarqués sur les planches bruxelloises, et s’est déjà fait connaître en tant que chanteuse de l’orchestre de Rudy Vallée lorsque Pierre Chenal lui offre son premier véritable rôle à l’écran, celui de la femme de chambre du Martyre de l’obèse. L’année suivante, parée d’une coiffure blonde à la Caracalla et nantie d’ailes en plumes de cygne, elle est, sous la direction de l’éternel exilé Fritz Lang, l’ange dactylographe de Liliom. Ensuite, ce sont le départ pour les États-Unis, une microcarrière hollywoo-dienne qui ne laissera guère plus de traces que celles entreprises à la même époque par Jeanne Aubert ou Katia Lova, puis le retour en France où l’attendent d’autres rencontres : Siodmak, Renoir, Duvivier, Guitry, surtout, qui la choisit au pied levé pour remplacer Arletty dans Remontons les Champs-Élysées avant de la réengager au théâtre (Un monde fou, 1939) et à l’écran (Donne-moi tes yeux, 1943). C’est l’amitié amoureuse, indéfectible, qui unit Mila l’androgyne (tellement féminine pourtant) à Jean Marais jusqu’à la disparition de ce dernier. C’est la rencontre décisive avec le coureur automobile Tasso Mathieson, qu’elle épousera et qui restera pour elle l’unique, le grand amour de toute une vie. Ce dernier victime d’un grave accident, elle le suit dans sa convalescence portugaise, et pour ce faire choisit de mettre prématurément fin à sa carrière, à 34 ans à peine. Deux de moins que Garbo au moment de ses adieux aux studios. Ceux de Mila, pourtant, ne furent pas irréversibles : on la revit chez Terence Fisher d’abord, beaucoup plus tard chez Daniel Vigne, et même, par intermittence, à la télévision (La Grande Dune). Tombée amoureuse du kiosque à musique de Vichy, où, petite fille, elle passait ses vacances, elle a fini par y établir ses quartiers à l’année… pour le plus grand regret des cinéphiles, obnubilés par l’image et le mystère de cette féline aux yeux de braise, dont on ne sait toujours pas, au fond, si elle était chatte siamoise, léopard d’Afrique ou panthère royale d’Insulinde. ADL

FIMOGRAPHIE CINÉMA :

1932 : Baby (Carl Lamac et Pierre Billon). Le Martyre de l’obèse (Pierre Chenal). Vive le sport (CM). 1933 : L’Amour qu’il faut aux femmes (Adophe Trotz/Adolf Trotz). Liliom (Fritz Lang). 1934 : Cartouche (Jacques Daroy). L’Homme des Folies-Bergère/Folies-Bergère (Roy Del Ruth et Marcel Achard). On a trouvé une femme nue (Léo Joannon). 1935 : Calling All Stars (Herbert Smith). Donogoo (Reinhold Schünzel et Henri Chomette). La Petite Sauvage (Jean de Limur). Valse royale (Jean Grémillon). 1936 : Les Jumeaux de Brighton (Claude Heymann). Mister Flow (Robert Siodmak). Les Pattes de mouche (Jean Grémillon). 1937 : Le Monsieur de 5 heures (Pierre Caron). La Tragédie impériale (Marcel L’Herbier, rôle quasi intégralement coupé au montage). 1938 : Le Drame de Shangaï (Georg Wilhelm Pabst). L’Esclave blanche (Marc Sorkin et Georg Wilhelm Pabst). Remontons les Champs-Élysées (Sacha Guitry et Robert Bibal). La Rue sans joie (André Hugon). Une java (Claude Orval). 1939 : La Charrette fantôme (Julien Duvivier). Circonstances atténuantes (Jean Boyer). Dernier Refuge (Jacques Constant, inachevé). Le Grand Élan (Christian-Jaque). La Règle du jeu (Jean Renoir). 1940 : Elles étaient douze femmes (Georges Lacombe). L’Empreinte du dieu (Léonide Moguy). 1942 : À la Belle Frégate (Albert Valentin). Cap au large (Jean-Paul Paulin). Le Camion blanc (Léo Joannon). Le Lit à colonnes (Roland Tual). Monsieur des Lourdines (Pierre de Hérain). 1943 : Les Anges du péché (Robert Bresson). Les Roquevillard (Jean Dréville). Tornavara (Jean Dréville). 1944 : Le Cavalier noir (Gilles Grangier). 1945 : La Belle et la Bête (Jean Cocteau et René Clément). Étoile sans lumière (Marcel Blistène). Jeux de femmes (Maurice Cloche). Le Père Serge (Lucien Gasnier-Raymond). 1946 : Dernier Refuge (Marc Maurette). Destins (Richard Pottier). Rêves d’amour (Christian Stengel). 1947 : Snowbound (David Mac Donald). 1949 : Mission à Tanger (André Hunebelle). Véronique (Robert Vernay). 1951 : Le Plaisir – sk. La Maison Tellier (Max Ophuls). 1953 : Blood Orange (Terence Fisher). 1959 : Jet Storm (Cy Endfield, rôle quasi intégralement coupé au montage). 1988 : Comédie d’été (Daniel Vigne). 1994 : Les Cent et Une Nuits de Simon Cinéma/Les Cent et Une Nuits (Agnès Varda, rôle coupé au montage).

FILMOGRAPHIE TÉLÉVISION :

1954 : The Vise (épisode The Eavesdropper) (David MacDonald). 1957 : Sailor of Fortune (épisode The Counterfeit Cigars) (John Guillermin). 1958 : The Vise (épisode The Visitor) (réalisateur non connu). 1991 : La Grande Dune (Bernard Stora).

LIENS VIDÉO :

www.youtube.com/watch?v=CeRihuggakw (La Règle du jeu).

www.dailymotion.com/video/x1vrov_le-premier-audiard_shortfilms (Mission à Tanger).

circeo59.wordpress.com/2009/10/15/la-maison-tellier-di-guy-de-maupassant-sul-grande-schermo-max-ophuls-le-plaisir-1952-2/ (Le Plaisir).

© Armel de Lorme