Souvent,
lorsqu’on veut lancer une nouvelle star de cinéma, les chargés
de publicité rivalisent de superlatifs tels que " la
femme plus belle du monde" ou "la plus élégante",
"la plus sexy", "la plus intense"… Valeska
Gert est assurément la plus… du monde. Mais la plus quoi ?
Peut-être la plus extravagante, la plus surréaliste, la plus
originale, monstrueuse, bizarre, absurde, singulière, saugrenue,
aberrante, baroque, biscornue… Elle est tout cela avec quelque
chose en plus, quelque chose d’insaisissable et qui échappe à
toute définition. Son physique, son regard, plus généralement,
toute sa silhouette semblent avoir été dessinés par un peintre
fou au bord du coma éthylique (…). IM.
La reprise
"dans le texte" de ce préambule au portrait esquissé par
Italo Manzi
pour le second volume (à paraître) de L’@ide-Mémoire –
Encyclopédie des Comédiens s’imposait, quelques semaines à
peine après la diffusion au Cinéma de Minuit, du Journal d’une
fille perdue (G.W. Pabst, 1929), autre incontournable s’il en
fût, de la filmographie de Louise Brooks. Face à un Andrews
Engelmann presque aussi terrifiant qu’elle, l’immense et assez
incroyable Valeska Gert (1892-1978), composait, mi-belette,
mi-crotale, une directrice de maison de redressement détestable à
souhait, capable d’ériger en deux temps, trois mouvements, la
méchanceté en vertu cardinale et le sadisme en Art majeur. Retour
en dates sur la filmographie étonnante d’une actrice notoirement
trigame, adepte forcenée du naturisme jusqu’à la fin de sa vie
(elle mourut à 86 ans) et ayant su faire montre de suffisamment d’humour
– ou de lucidité – pour avoir intitulé son autobiographie Je
suis une sorcière, ce qui suffit en soi à forcer (triplement)
l’admiration. |