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L'@ide-Mémoire ENCYCLOPÉDIE DU CINÉMA FRANÇAIS |
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Nicole Régnault |
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Née dans le 20ème arrondissement de Paris le 19 mai 1924, c’est à l’âge de huit ans que la petite Nicole Emma Sasserath effectue ses premiers pas sur les planches en interprétant une sorcière lors d’un spectacle scolaire : pour décrocher le rôle (elle n’en voulait pas d’autre), elle va jusqu’à supplier son institutrice. Sa famille comprenant rapidement qu’il serait inutile de chercher à contrôler sa vocation, elle s’inscrit à la fin de l’Occupation aux cours alors très prisés de la célèbre Andrée Bauer-Thérond et de Maurice Escande 1, adopte le pseudonyme de Régnault (parce que Sasserath, ça sonne " Ça se rate "… pas terrible pour une comédienne " et en hommage à la grande tragédienne Julia Bartet, dont Régnault était le véritable patronyme) et effectue dans la foulée ses premiers pas à l’écran via une apparition furtive dans l’une des séquences finales des Dames du bois de Boulogne (Robert Bresson, 1944). Oscillant dès lors entre silhouettes et petits rôles de composition, par ailleurs comédienne mascotte du cinéaste Jean Loubignac, sous la direction duquel elle tourne six films entre 1950 et 1955 (dont quatre, tous de la série des Piédalu, aux côtés du comique vite démodé Ded Rysel), elle est notamment la cliente " coiffée à la cracra " par Fernandel dans Coiffeur pour dames (Jean Boyer, 1952), la mère de famille nombreuse plaquée par son mari dans Crainquebille (Ralph Habib, 1953), la gardienne de prison des Compagnes de la Nuit (Ralph Habib, id.), la Parisienne-au-long-nez provoquant les commentaires ironiques de Maurice Chevalier – retour au bois de Boulogne de ses débuts cinématographiques – dans la séquence d’ouverture de Gigi (Vincente Minnelli, 1957) et, surtout, l’automobiliste binoclarde et revêche croisée au début de Mon Oncle (Jacques Tati, 1956) 2. Des raisons familiales l’obligeant à prendre un emploi plus stable, elle quitte la profession, à la fin des années 50, s’installe dans la région cannoise, et, la proximité de la Victorine aidant, effectue un premier come-back cinématographique en 1979, via l’ineffable Drôles de gendarmes, comédie mi-merguez, mi-aïoli, réjouissante et bâclée, portant l’estampille de Bernard Launois. Premier come-back, parce que quelques 25 ans plus tard, s’étant vu proposer un jour ou deux de figuration dans Brice de Nice (James Huth, 2004) par les studios niçois 3, c’est finalement un rôle parlant – celui d’Amélie, la vieille gouvernante de Brice/ Jean Dujardin – que lui confient spontanément les casting directors du film. Au vu du résultat, il n’est pas impossible que l’ex-interprète de Robert Bresson et de Jacques Tati n’entame à 80 ans passés une seconde carrière, placée sous le signe des rôle de vieilles dames de préférence indignes – à l’instar de l’aubergiste dégommant un à un ses pensionnaires qu’elle a interprétée dans un court métrage tourné en 2001 – dont elle dit raffoler. On la comprend un peu… ADL
1. Elle y a,
notamment, pour condisciples, Alix Mahieux et Michel Piccoli. © Armel de Lorme |
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